Moi - Mémento

Démarré par Isaac, 30 Juillet 2010 à 06:48

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30 Juillet 2010 à 06:48 Dernière édition: 10 Août 2010 à 01:48 par Isaac
... Vous ne croyiez quand même pas que j'allais laisser filer un autre cauchemar... :)
Je travaille sur trois écrits en parallèle. Lui, ma fic de Zelda et un autre dont vous aurez des nouvelles prochainement. N'ayez crainte sur ma motivation, avoir plusieurs projets à la fois m'évite de m'épuiser sur un.

Je vous présente donc un autre "Moi"... Qui s'avéra bien différent des deux autres.


C'était encore la matiné, bientôt le zénith. Je ne comptais aucune voiture sur la route, le ciel était dégagé et d'un bleu pâle, presque blanc. À bord de mon jeep, les deux mains sur le volant, je regardais les arbres nus de feuilles défiler sur les côtés de la route vieille et craquelée. Le printemps était encore jeune en ce mois d'Avril, cela se sentait par la température encore fraîche sans pour autant être désagréable.

Mon regard accrocha le niveau d'essence... J'étais dû pour le remplir un peu. Il nous restait une heure de route à faire avant de gagner Le lac St-Elisa.

Je regardai donc sur le bord de la route une quelconque indication de station d'essence à proximité. Un coup de chance, sans doute, il y en avait un dans un demi-kilomètre.

Chapitre 1

Je referme la portière de ma voiture. Je réajuste mes verres fumés avant de jeter un regard sur le siège passager.

- Tu veux quelque chose ma puce?

Ma fille, Gabrielle, âgée de six ans, secoue la tête.

- Non papa, ça ira... J'ai hâte qu'on soit arrivé.

J'esquisse un mince sourire. Elle était magnifique, le portrait craché de sa mère... Les yeux bleus, les cheveux bouclés et blonds, des taches de rousseur sur les joues, le teint pâle, presque blanc. Elle portait un manteau de printemps rose ainsi qu'une petite jupe en jeans. Tout pour être attendrissant.
Je mis donc vingt dollars d'essence, le nécessaire pour la route restante. J'aurai toujours l'occasion de m'arrêter ici à mon retour. Je voyais de toute façon la hâte dans les yeux de mon enfant... Et avec raison.

C'était une coutume familiale d'aller à notre chalet au lac St-Elisa en début de printemps. C'était surtout le moment parfait pour les folies telles que les pizzas, les desserts riches en chocolat et la pêche. Gabrielle adorait la pêche, je me souviendrai toujours de l'illumination dans son regard lorsque je lui ai fait attraper son premier poisson. La flamme ardente qui animait depuis son cœur d'enfant m'obligeait à l'amener avec moi à la pêche à chaque début de printemps.La jeep remplie d'essence, nous reprîmes alors la route, pour une heure et demie.

Le chalet était très symbolique pour toute la famille. C'est là que j'ai rencontré Anne, mon épouse depuis. C'était d'ailleurs en début de printemps. C'est aussi le printemps suivant que nous accueillîmes Gabrielle, fruit de notre amour passionné. Nous étions très connus des gens qui vivaient autour du lac... Certains s'y rendaient pour, en effet, gagner leur chalet, d'autres y trouvaient un havre de paix permanent et y vivait donc à l'année longue.

Il y avait aussi nos voisins, madame et monsieur Dufour... Ils vivaient au lac à l'année longue. Un très vieux couple, un seul enfant, adulte aujourd'hui. Il étudie à Montréal en médecine... Ils le vantent tellement, mais étrangement nous ne l'avons jamais vu. Néanmoins, ils sont l'exemple typique du voisin parfait : toujours là si nous manquons de beurre, toujours disponible pour surveiller l'enfant. Ils placotent beaucoup et ils adorent les rumeurs. Ils ont un chien, Spooky, que Gabrielle adore beaucoup... Encore là, ils n'hésitent pas à la laisser jouer avec.

Il y a le vieux Robert, de l'autre côté. Un ancien garde de chasse, sa maison pleine d'animaux empaillés et d'armes à feu divers. Il est vieux, lui aussi. Jadis il ne venait que sporadiquement au lac, mais depuis son récent divorce, il est resté cloîtré dans son chalet. Très grognon, il déteste les enfants, ce qui est ironique puisqu'il en a trois, mais compréhensible en même temps puisque son ex-femme en a gagné la garde.

Sinon il y avait un autre couple, plus jeune, famille typique. Martin Tremblay et son épouse Amélie. Deux enfants, le plus jeune, Marc, la plus vieille, Julie. Ils adorent donner l'impression qu'ils sont tous unis et heureux, bien que ce n'est pas rare que je le surprenne lui et son épouse en pleine dispute. Néanmoins, devant nous, agréable voisinage que nous sommes, ils ont toujours le sourire aux lèvres, en train de chanter une chanson ici et là. Ils me gonflaient un peu en toute honnêteté, surtout lorsqu'ils parlent de la Bible (car comme si leur fausse image n'était pas suffisante, ils étaient religieux...!)

Finalement, il y avait deux autres personnes, un écrivain, je ne l'ai jamais croisé, il reste toujours chez lui dans sa maison. Je le savais toutefois présent lorsque la nuit tombait et qu'une lumière se dégageait depuis une des fenêtres de sa maison (que j'ai supposé être sa chambre). J'ai aussi supposé qu'il était très orgueilleux... Monsieur l'écrivain ne veut pas être dérangé, donc il ignore tout le monde. Pourtant, j'ai déjà tenté de sympathiser avec... Mais il faut croire qu'il est un homme solitaire à tout jamais. Bref. L'autre personne était bien entendu l'officier Catherine Bergeron. En service peu après mon mariage, elle ne se gênait pas pour faire le tour du voisinage voir si tout était en ordre, sinon pour jaser un peu. Très sociable, mais très dure aussi, elle tient son travail à cœur. Je lui donnais peut-être quarante-cinq ans tout au plus. Cheveux blonds,  uniforme complet en permanence (d'ailleurs, je ne l'ai jamais vu sans son uniforme, même pas pour se baigner l'été), de taille moyenne, mince (elle faisait très attention à sa ligne)...

À ça s'ajoutait les quelques personnes aléatoires qui venaient faire des campings d'un jour ou deux, parfois d'une semaine... La vie était calme et paisible au lac St-Elisa et elle le restera longtemps.

Chapitre 2

- Sois prudente Gabrielle!, lançai-je à mon enfant qui courrait vers le quai sous des éclats de rire.

Il faisait plus froid ici que sur la route, sans doute à cause de l'eau ou un truc du genre. Je refermai donc mon manteau. Je m'avançais lentement vers elle, légèrement pensif. Le ciel s'était couvert, il ventait légèrement, ça sentait la pluie cette nuit.

Je rejoins finalement ma fille.

- Tu es heureuse?, lui demandai-je.

Elle acquiesce en regardant l'eau, depuis le bout du quai.

- Quand est-ce qu'on va pêcher papa?

J'angle la tête, puis je pose une main délicate sur sa tête blonde. Je caresse ses cheveux bouclés du bout des doigts, puis je suis son regard. Le lac était grand, j'apercevais néanmoins les montagnes de l'autre côté et les quelques autres chalets ou maisons.

- Demain petite... Demain.

Ma réponse fut presque inaudible. Je posai mon regard sur elle.

- Allez Gabrielle, nous allons porter les bagages à l'intérieur. Je vais te préparer ton bouilli de légume, ton repas préféré.

L'enfant étira son sourire avant de gagner la voiture à toute hâte pour y agripper sa valise.

- Sois prudente dans l'escalier!, lui hurlai-je.

Je traînais légèrement les pieds sur le bois du quai en gagnant notre chalet, une demeure forte imposante. Deux étages, quoique l'étage ne constitue que d'une chambre, le reste des pièces se trouvaient au rez-de-chaussée. Il y avait aussi un sous-sol, mais ça servait plus d'entrepôts de trucs inutiles qu'autre chose. J'attrape mon cellulaire, puis j'appelle à la maison, pour signaler à Anne que nous sommes arrivés et que tout va bien... Elle avait l'art de s'inquiéter pour rien.

- Aaah! Si ce n'est pas Érick Côté!

Madame Dufour. Je force un sourire ravi, puis je m'avance vers elle.

- Madame Dufour. En forme à c'que j'vois...

Un compliment. La connaissant, elle va sourire, me parler de sa ligne et me demander ce que je deviens.

- Oh oui merci mon choux, je garde ma ligne, tu l'sais. Puis, comment vont les affaires?

Bingo.

- J'ai peint trois autres toiles le mois passée. Ils ne sont pas encore vendus, mais je pense plutôt les garder pour le chalet.  

Elle acquiesce vivement.

- Une semaine comme d'habitude, Erick?

J'opine, puis je tourne la tête vers mon chalet.

- Oui... Et je vais aller aider ma fille, je crois qu'elle a de la misère avec les bagages. Bonne journée à vous Claudine, au plaisir de
rediscuter avec vous!

J'envoie la main en m'éloignait, puis je soupir de soulagement. Une discussion avec elle pouvait durer des heures... Lorsqu'elle vous voit et dit votre nom, vous êtes forcés d'aborder une discussion avec elle, sans quoi elle nourrit les rumeurs de votre attitude antisociable.
Ennuyant, mais bref, je fus chanceux qu'elle n'insista pas donc j'évitai de me plaindre.

J'entrai dans mon chalet. C'était calme, outre le bruit de Gabriella qui vide ses jouets et ses babioles dans la chambre. La télévision était déjà allumée... Typique d'elle. Je montai les marches tranquillement pour la rejoindre.
Comme je l'avais prédit, elle préparait son appareil photo, son plus récent cadeau d'anniversaire. Elle était tombée amoureuse sur le champ et depuis, elle était devenue une vraie photographe en herbe. Gabrielle photographiait le moindre petit détail accrocheur à son regard, agrandissant ainsi sa collection de photos. À ses côtés, son fameux « Monsieur Nours », ourson en peluche qu'elle traîne depuis ses quatre ans... Et, bien entendu, ses vêtements déjà éparpillés partout autour d'elle.

- Je peux aller m'amuser papa?

J'acquiesce en silence.

- Ne t'éloigne pas trop et ne t'approche pas du lac... Demande à Madame Dufour de te surveiller pendant que je prépare le repas...

Elle me contourna, en compagnie de son ourson, et s'aventura autour de la maison, appareil photo en main.

Chapitre 3

Il était huit heures du soir. La vaisselle traînait sur le comptoir de la cuisine. Le bouilli fut une réussite et nous avions tous deux le ventre plein... Et pour digérer, nous nous étions tous les deux installés devant la télévision pour regarder un vieux dessin animé.

Nous avions une si grande complicité, on rigolait, on blaguait et regarder ces vieux dessins animés me rendait nostalgique. Blottie contre moi, nos deux paires d'yeux étaient rivés sur l'écran cathodique. Elle détache finalement son regard et le pose dans le mien.

- Demain on va pêcher, hein papa?

J'acquiesce. Elle pince les lèvres.

- Je peux aller jouer dans la chambre un peu?

- Allez, vas. Je vais faire la vaisselle.

Elle sourit, m'embrasse sur la joue et se précipite vers l'escalier.

- Je t'aime papa.

- Moi aussi, lui répondis-je aussitôt.

Je m'attaque finalement à la vaisselle. Je l'entends rire et bouger ses jouets à l'étage. En ce qui me concerne, j'avais laissé la télévision
sur le dessin animé, l'envie d'écouter les nouvelles locales ne m'ayant pas encore envahit.

Je frotte l'éponge savonneuse sur l'assiette sale, puis je regarde par la fenêtre. Comme je l'avais prédit, il pleuvait... Beaucoup.
J'espérais que demain soit une belle journée, j'ai horreur de décevoir la petite.

La première assiette propre, je m'attaque à la deuxième.

SCRHHHHHHHHH SCRHHHHHHH

Je sursaute. J'en échappe l'assiette dans l'évier plein d'eau. Je me retourne vers la source du bruit... La télé est soudainement victime de parasite. Je soupir... La pluie sans doute.

Je me remets à la tâche.

Je frotte l'éponge sur l'assiette, le cœur encore battant, puis je relâche un bref rire. Sursauter pour ça, il faut être vraiment crispé.

J'entends des pas de pieds nus rapide et nombreux. Cette fois, je me retourne. J'aperçois le mollet d'un enfant disparaître derrière le mur de l'escalier qui monte à l'étage. Je fronce les sourcils, je m'avance vers l'escalier... Il y avait des traces de pas humide qui venaient de la porte d'entrée ouverte... Je ne l'ai pourtant pas entendu s'ouvrir... La télévision, quant à elle, était encore victime de parasites.

- Gabrielle...?

Elle portait des collants blancs sous sa jupe... Ce n'était pas sa jambe. Mon rythme cardiaque s'accélère, je lâche l'éponge puis je monte les marches rapidement jusqu'à la porte de la chambre... La poignée était trempée. J'ouvre la porte... Il y avait une énorme flaque d'eau au centre de la pièce plongée dans l'obscurité...

- Gabrielle, tu es là?

Je me faisais de plus en plus nerveux. J'appui sur l'interrupteur de la lumière... Celle-ci ne s'allume pas.

- Gabrielle, papa ne trouve pas ça drôle. Sors de ta cachette.

Je m'avance lentement dans la pièce jusqu'à la flaque d'eau. Aucune trace de Gabrielle...

Une silhouette de la taille de l'enfant traverse l'encadrement de la porte derrière moi, pied nu à en juger par le son. Je me retourne rapidement.

- Gabrielle, arrête!

Je sors de la chambre rapidement, puis je descends les marches. J'entends encore quelqu'un, pieds nus, traverser le couloir à l'étage. Les parasites sur la télévision s'intensifiaient, les lumières flashaient. J'entends un rire d'enfant, semblable à celui d'un garçon, à l'extérieur, joint à un autre rire d'enfant, plus aigu, en provenance de la chambre de bain.

Les Tremblay. Leur peste d'enfant. Ils ont dû entrer à mon insu et convaincre ma fille de participer à leur délire. J'agrippe mon cellulaire. Aucun réseau? Maudite tempête. J'enfile mon manteau et je quitte la maison. Je regarde en direction de la petite maison des Tremblay.
Les fenêtres sont éclairées. La porte de leur maison s'ouvre et le plus jeune quitte celle-ci sort avec un sac de poubelle.

Je fige... Alors qui est dans ma maison...!?

Je retourne rapidement à l'intérieur, prise d'une soudaine panique. Je regarde sous le canapé, dans la garde-robe à l'entrée, dans la chambre de bain, à l'étage... Rien. J'ouvre le tiroir de la commode de la télévision, je tape sur le côté de la lampe de poche, puis j'éclaire sous les autres fauteuils. Je me précipite vers la porte de la cave... Le cadenas est toujours en place. Si elle était entrée, elle n'aurait pas pu verrouiller le cadenas de l'intérieur... Et puis j'avais la seule clef sur moi. J'accours à l'extérieur, le rythme cardiaque de plus en plus rapide, la tension à son paroxysme, puis j'éclaire l'intérieur de la jeep, je regarde en-dessous, je regarde dans les buissons.

Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. RIEN!

Non non non non...! Gabrielle! OÙ ES-TU!?

Tiens, encore une de tes Ficts Isaac, ça fait toujours plaisir.  ^_^
Encore une bonne histoire comme d'habitude, un ensemble cohérent, bien décrit ... un très bon début.
Je vois que tu as changé de méthode en nous décrivant les personnages et leur amour réciproque fait que l'on s'attache à eux. Ce qui fait vraiment un bon élément de suspens pour la disparition.
Et j'ai aussi l'impression que cette histoire sera plus basé sur le suspens que l'horreur.
Bref bonne continuation dans tes écrits.  :)

Je n'ai pas eu le temps de me plonger dans la Fict de Zelda, je la lirai quand elle sera finie.

Même remarque, tu dépeins chacun des personnages et leur environnement, c'est très appréciable et ça rend le récit plus précis en lecture.

Seul petit bémol, quelques fautes d'accord par-ci par-là ^^

J'attends la suite pour en dire un peu plus :)


Meme avis qu'au dessus .
Très bon debut de recit , très agreable a lire , sa passe tout seul .
Le fait que tu t'attarde sur les personages et leur environement enrichit beaucoup l'histoire .
Du tout bon pour ce debut , deux mots : LA SUITE  . ^_^

Chapitre 4

Catherine Bergeron entra dans la pièce avec un café dans un gobelet en styromousse. Elle me tendit le breuvage et s'installa à son bureau, face à moi. C'était l'aube et il pleuvait encore, beaucoup. Je notais plusieurs certificats de reconnaissance d'accrochés un peu partout. Son bureau était bien classé, ainsi que les livres diverses dans sa bibliothèque. À cet effet, je notais plusieurs livres sur la psychologie humaine, une tendance que l'officier aimait sans aucun doute. Quelques cartes de vœux d'anniversaire reposaient sur son bureau, preuve qu'elle avait sans doute de la famille.

- Recommencez depuis le début Erick, voulez-vous?

Je déglutis, encore tremblant.

- Des enfants... Sont entrés dans ma maison et ils ont enlevé ma fille.

Elle me regarde, perplexe, puis griffonne quelques trucs dans un calepin avant de porter sa tasse de café à ses lèvres... Elle était sceptique, et avec raison... Des enfants qui enlèvent ma fille, qui croirait ça?

- En êtes-vous certains M. Côté? Je connais très bien la région et les enfants dans votre coin sont peu nombreux... Et je connais très peu de parents qui laisseraient leurs enfants sortir à une heure tardive... Somme toute, je crois que vous serez d'accord avec moi si je vous dis que c'est une histoire assez... Farfelue.

- J'ai vu et entendu ces enfants chez moi... Peu importe que ce soit vrai ou non, Gabrielle est introuvable Cath'... Il faut m'aider je t'en supplie.

L'officier continue de griffonner quelques notes. Je lui tends une photo de ma fille.

- M. Côté, votre fille ne peut pas être bien loin. Je veillerai à la retrouver. Tâchez de vous reposer un peu, vous avez l'air exténué.

J'acquiesce en silence, puis je me contente d'un hochement de tête poli avant de quitter la station. J'ouvre mon parapluie, puis je lâche un profond soupir teinté à des grognements... J'étais complètement dépassé par la situation. Comment ma fille a-t-elle pu se faire enlever dans ma propre maison sous mes yeux? Cela n'avait aucun sens.
Catherine avait toutefois raison sur une chose, il était inutile que j'angoisse à l'infini, cela n'aiderait en rien à la situation. Je repris donc la route, à pied, vers mon chalet à une quinzaine de minutes d'ici...

J'ouvris mon cellulaire de mon autre main, toujours aucun service. Je lève la tête vers le ciel gris, puis je maudis en silence la pluie. Comment suis-je sensé prévenir Anna si je ne peux même pas faire un appel? Même le téléphone local était hors service!

Perdu dans mes pensées, je marchais. Je ne croisai personne sur ma route entre la station et mon chalet. Le chemin était boueux et accidenté, ce qui rendait la chose désagréable lors de moments de pluie. Je gagnai finalement ma maison, vide de vie.

- Gabrielle...

La maison était silencieuse, trop silencieuse. J'avais le cœur lourd, envahi par le chagrin et l'inquiétude...Ainsi que la culpabilité. Comment pouvais-je être un bon père alors que ma propre fille disparaissait dans mon propre chalet?
Je traînai les pieds jusqu'au foyer... Je regardais les divers photos de famille et de Gabriella d'accroché. Je pris dans mes mains ma photo préférée, celle où moi et Anna entourons de nos bras Gabrielle, devant le chalet. Ma main se crispe sur le cadre...

Je vais la retrouver.
Je montai les marches lentement jusqu'à la chambre. La flaque d'eau avait séchée et imprégné le tapis, créant un gros cerne pâle sur le tapis gris. Ses jouets étaient encore éparpillés partout. Je m'approchai de la fenêtre : Elle était bien fermée. Dans le couloir, les traces de pas humide avaient aussi séchés sur le plancher de bois. Je les suivi, elles me conduisirent jusqu'à la porte d'entrée. À en juger par la taille des traces de pas, c'était bien ceux d'un enfant... Ils étaient plusieurs je crois.

Toute cette histoire me donna une profonde migraine, je me laissai tomber sur le canapé où je sombrai dans un profond sommeil, bercé par les bruits des centaines de gouttes d'eau qui s'abattaient sur les fenêtres...

Chapitre 5

On cogne à ma porte. Je frotte mes yeux, puis je regarde ma montre. C'était la fin de l'après-midi. Je traîne les pas jusqu'à la porte. C'était Mme Dufour.
J'ouvre d'un geste rempli de lassitude ma porte, il pleuvait toujours.

- Oh mon doux Erick, je suis si désolée de ce qui vous arrive.

Elle était déjà au courante, rien de surprenant.

- C'est gentil Madame Dufour... Si vous avez des informations... N'hésitez pas, cela me serait très utile.

Elle plonge dans ses pensées quelques instants, visiblement.

- Si je peux faire quoi que ce soit, me dit-elle, je suis là pour vous.

- C'est gentil, mais je crois que j'ai surtout besoin de me remettre les idées en place... Si vous permettez.

Elle posa une main sur mon épaule avant de quitter les lieux. Je refermai la porte. Mon regard se posa alors sur une bouteille de vin sur
le comptoir... Du bon vin rouge, il n'a jamais été ouvert... Il datait du mariage.

J'agrippai la bouteille dans mes mains, puis l'ouvrit. Il sentait très bon... Et goûtait bon. Une gorgée, suivie d'une deuxième, une troisième...
Le monde semblait soudainement merveilleux, mes traquas avaient soudainement disparus. Je croisai l'horloge sur le four, elle disait maintenant 6 :32 PM... Déjà? Qu'importe, une autre gorgée me suffit à oublier ce détail futile.

Le soleil était couché, je le sentais par la soudaine obscurité à l'extérieur... Je m'avance vers le salon, je titube, mais je ne tombe pas. Je me laisse choir sur le vieux canapé, puis je regarde les cadres accrochés sur la cheminé...Tout est floue, mais je m'en moque.
Une soudaine lumière blanche m'aveugle... De forme carrée. Je regarde directement la source... C'est la télévision, je crois. Elle s'est ouverte d'elle-même.

J'entends des choses, mais c'est trop floue... Je n'arrive pas à comprendre. Finalement, je fini par sombrer dans un sommeil profond, alcool à la main.

Chapitre 6

Je passe ma main sur mon front. La gorge sèche, j'avais un terrible mal de tête. Je regarde ma montre... Il était passé cinq heures du matin. Voilà déjà une journée que Gabrielle était manquante...

La salle de bain fut mon premier arrêt en cette nouvelle journée, histoire de prendre quelque chose contre ma migraine et autres besoins quand même essentiel. Je me passai de l'eau dans la figure... J'étais dû pour un bain.
Je commençai à faire couler l'eau. Je posai mon regard sur mon reflet... J'étais cerné, j'avais une barbe de quelques jours... Mes cheveux bruns étaient mêlés et mes yeux noisettes rougie par le manque de sommeil.

L'eau arrête de couler.

Je fronce les sourcils, puis je tourne la tête. Je tourne le robinet... L'eau coule par gouttes. Perplexe, je mets mon index dans le robinet... Et je la retire aussitôt. Il y avait quelque chose de poilu là-dedans...!
J'enfonce de nouveau mon doigt, puis je tire...

- Oh seigneur...

Je tire de longs cheveux blonds... Je les relâche aussitôt. Ils flottent... Et l'eau recommence à couler.

Prise d'effroi, je quitte la chambre de bain in extremis, puis la maison. Seul sous la pluie, je prends de grande respiration, puis je soupire... Je frotte mes yeux, puis je lève la tête vers le ciel foncé... Je n'ai vraiment pas choisi la bonne semaine pour des vacances.

Le cœur encore battant, je retourne dans ma maison. Le silence régnait, j'avais de soudaines nausées, je tremblais de tout mon corps et chaque pas me demandait un nombre incalculable d'effort. Je sors mon cellulaire, toujours aucun réseau. Merde.
Je frotte de nouveau mes yeux...  Puis quelque chose me frappe. Une chose ne tournait pas rond au rez-de-chaussée. Je ne pris pas de temps à localiser ladite « chose » : Il y avait un message sur mon répondeur. Le téléphone est coupé depuis hier, comment est-ce...

J'appui sur le bouton.

« Vous avez un nouveau message.
BIP
Sh.... Shhh... Er....Shhhhhh...Pour...
BIIP
Fin du message. »

Je reste bouche bée. Je n'ai pas reconnu la voix dû à la forte présence de parasites... Je n'y comprenais rien. J'avais besoin d'air, au plus vite. Je quitte ma maison in extremis.
De nouveau sous la pluie, mon regard se posa sur l'immense lac St-Elisa. Mon enfant, enlevée, était cachée quelque part autour du lac et je devais la retrouver. Je ne pouvais pas attendre après Catherine, je n'y arriverais pas.

Je traîne les pieds, pensif, jusqu'au quai. La pluie était torrentielle. Je ferme un peu plus mon manteau, puis je réfléchis.
J'entends un bruit de portière de voiture. Je me retourne... Parlant du loup, Catherine arrivait lentement.

- M. Côté? Je peux vous parler?

J'acquiesce sans dire un mot. Elle s'approche de moi, sur le quai, puis pose sa main sur mon épaule.

- Quel bon vent vous amène, officier?

Mon regard noisette se posait sur l'horizon masqué par un léger voile brumeux. Les gouttes de pluie me martelaient la tête comme des lames avant de ruisseler sur ma peau et mes vêtements trempés.

- Aucun bon vent Érick... Aucun bon vent. Pas avec une température comme celle-ci et votre état.

Elle était peinée, et avec raison... Catherine prenait certes son travail à coeur, mais elle se liait avec tous les habitants du coin. Ainsi, si quelqu'un est blessé ou perd un enfant, c'est un ami et non un civil qu'elle aide... Une femme bien sympathique.
Je me contente de soupirer.

- Écoutez Erick, votre... Fille... Est quelque part et nous n'avons aucune information, aucune piste et celle que vous nous avez fournie, soyons rationnel, est illogique. Je connais ce lac depuis que je suis en service ainsi que tous ses habitants... Aucun enfant n'aurait la "force" d'enlever votre fille...

- Que voulez-vous que je dise officier, je vous ai dit ce que j'ai vu, il y avait des enfants dans la maison et ... Ma fille n'était plus là.

Elle soupir, puis s'approche un peu plus de moi. Elle me prend doucement la main.

- Prenez du repos Erick. Vous en avez besoin. Je vais fouiller tout le lac si nécessaire... Je mets ce cas au sommet de mes priorités... Mais pensez à votre santé, j'ai besoin de vous solide, pas aussi fragile qu'une feuille séchée.

Sur ces mots, elle délaisse ma main et regagner sa voiture. Elle avait raison... Bien qu'il soit normal que j'angoisse, je devais rester le plus calme et rationnel possible, pour moi et pour Gabrielle. Je regagne lentement ma maison.

Le ciel gronde alors que la pluie continue de s'abattre sur le lac St-Elisa.

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Juste pour vous informer que j'en suis à une 60aine de pages Word et que je n'ai pas fini; je ne sais pas si je vais -tout- transférer ici compte tenu que c'est quand même mon meilleur morceau jusqu'à maintenant et que ce serait dommage qu'il y ait du plagiat, surtout si je vais voir un éditeur prochainement...