D'entre les morts. - Partie I : le Prince maudit.

Démarré par Sisyphe, 13 Décembre 2010 à 23:57

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13 Décembre 2010 à 23:57 Dernière édition: 14 Décembre 2010 à 02:10 par Sisyphe
Que dire en guise d'introduction ? Sinon que la fiction qui va suivre est en réalité la suite d'une autre fiction, postée il y a environ trois ans sur un autre forum qui, hélas, a fermé ses pages, emportant avec lui l'intégralité de mon texte (c'est à ce moment précis qu'on réalise l'utilité de toujours enregistrer une copie de son travail). Alors avant que de débuter par un prologue qui, bien entendu, plonge droit dans le vif de l'intrigue, je crois qu'il serait plutôt bon pour vous de connaître les grandes lignes de cette histoire perdue, car c'est sur les questions sans réponses qu'elle soulevait que je bâtis l'épopée qui sera postée ici.






L'intrigue de cette fiction antérieure prenait place dans l'Hyrule de Twilight Princess (version NGC, avec le désert Gerudo à l'Ouest), quelques années après l'aventure de cet opus.

Le Link de Twilight Princess s'était uni avec Iria et avait eu un fils, Klin, qui à son tour avait eu un fils, prénommé Link en hommage à l'autre Link décédé avant la naissance, avec une dénommée Impa, fille du père Reynald de Cocorico et de Telma, la propriétaire de la taverne du bourg d'Hyrule. De son côté, la Zelda du jeu avait également engendré un héritier, Daphnès Nohansen II, qui, lui, avait eu deux enfants : Daphnès Nohansen III et Zelda V.

Depuis le départ de Midona, les Link et Zelda du jeu s'étaient énormément rapprochés, au point qu'ils gardaient certaines affaires secrètes. A la mort de Link, Zelda avait envoyé sa petite-fille, encore bébé, dans le Crépuscule, la confiant à son amie. Une vingtaine d'années plus tard, ce fut Zelda (la grand-mère) qui trépassa ; le jeune Link, accompagné d'Iria, se rendit au palais en réponse à l'invitation aux funérailles. Là, la jeune Zelda les attendait, afin de les mettre aux courant des affaires dont lui avait fait part feu son ancêtre : une guerre se préparait. Iria décéda dans la taverne de la vieille Telma.

Alors qu'il ramenait à Toal (tout au Sud d'Hyrule) le corps de sa grand-mère, Link s'égara jusque dans un sanctuaire sacré. Transcendé, il saisit le pommeau d'une lame et par ce geste ramena à la vie le vil Ganondorf que les âges avaient doué d'une force colossale. Ainsi Ganondorf avait des années durant exercé une influence sur des peuples châtiés hors des frontières d'Hyrule, les dépêchant pour un conflit qui le placerait à la tête du royaume et, à long terme d'un monde tout entier encore inconnu.

Péripéties, Link et Zelda (les personnages de la fiction, cette fois, descendants de ceux de Twilight Princess) se mirent à rassembler des troupes, mais le frère de Zelda corrompu par Ganondorf, ils se réfugièrent dans le Crépuscule grâce à l'Ocarina du Temps pour quérir l'aide de Midona, le temps s'écoulant beaucoup plus lentement pour les Crépusculiens que pour les Hyliens, batailles, retour de Xanto, mort de Xanto, nouveaux alliés comme Navi (dont j'ai fait la reine des fées), etc., pour finir par une grande lutte en personne avec Ganondorf. Dans ce combat, les déesses intervinrent : comme les fragments de la Triforce se rassemblaient, chacun réussit à reprendre son pouvoir, hormis Ganondorf qui se vit devancer par Midona qui, alors, devint détentrice de la Force. Ganondorf mourut décapité - pour de bon.

Seulement, lorsque Link, Zelda et Midona étaient revenus du Crépuscule, Nabooru, Sage de l'Esprit et chef de la forteresse Gerudo, leur avait offert à eux ainsi qu'à leurs troupes l'hospitalité. Mais pendant leur absence, le désert avait été assiégé, et les Gerudos s'étaient cloîtrées dans les murs de leur repaire. Grande bataille pour décimer le front qui taisait l'accès au reste du royaume ; Nabooru fut capturée pendant l'assaut, puis menée à Ganondorf lui-même qui la tortura. Telma, aidée de quelques équipiers, parvint à tromper la vigilance de Xanto et libéra une Nabooru presque morte.

A la fin de la fiction, j'ai octroyé à Midona le fragment de la Force, d'où une reconnaissance des déesses pour elle et son peuple. Les habitants du Crépuscule revinrent vivre sur les terres d'Hyrule, s'installèrent sur une plage au Sud-Ouest du lac Hylia, s'étendant du Sud du désert Gerudo à l'Ouest de la forêt de Firone. La ville qu'ils y construirent fut un immense port.


Indications futiles :

J'ai axé cette fiction (perdue, sniff) sur une quête personnelle de chacun des personnages principaux, en parallèle avec leur grande quête commune :

- Link est orphelin de mère au début de l'intrigue ; il ne retrouvera celle-ci qu'en remontant avec l'Ocarina du Temps jusqu'au soir du décès de son grand-père, car ce soir-même Impa a quitté Toal suite à l'appel du temple de l'Ombre dont elle est le Sage, ce qu'elle refoulera jusqu'à ce que Link la reconnaisse comme sa mère. Aussi mon Link avait-il dans cette fiction un rapport assez particulier aux genre féminin, du moins avant de rencontrer Midona, avec laquelle il entame une liaison. C'est donc la volonté de reconstituer le puzzle de ses origines que j'ai exploré à travers Link.

- Zelda (comme d'habitude, ai-je envie de dire !) est tiraillée par son impuissance ; elle ne peut gouverner Hyrule à cause des lois ancestrales qui font son frère roi ; elle ne peut empêcher Ganondorf de corrompre ce même frère ; elle s'exile de son palais avant qu'on l'en chasse ; tant de contraintes qui la font douter d'elle-même et de l'avenir, bien qu'elle retrouve un certain équilibre dans un amour avec Fenrir, fils de Colin (Twilight Princess) et chef du village fantôme qu'est devenu Toal après le passage de Ganondorf. Ici, j'ai essayé d'entrer dans la faille de Zelda, et de voir comment elle pourrait s'affirmer sans Link.

- Pour Midona, c'est le poids du souvenir qui m'a intéressé. On comprend à la fin de l'opus officiel qu'en brisant le miroir des ombres, elle renonce à son amour pour Link (dans ma fiction le grand-père de Link). Peut-être avais-je envie de rectifier ce déchirement dans le coeur d'un des personnages qui m'a le plus touché en tant que joueur ? Toujours est-il que la mettre en couple avec mon Link m'a énormément plu et orienté vers une sorte de rédemption symbolique de son peuple, un rachat.

- Ganondorf est vieux, très vieux - alors que Link et Zelda, eux, sont morts plusieurs fois. J'ai imaginé que sa puissance venait de son âge, sa force augmentant au fur et à mesure qu'il vieillit. Pourquoi Ganondorf veut-il conquérir Hyrule et s'emparer de la Triforce ? Oui, la réponse est simple : c'est le méchant de l'histoire, il est une soif démesurée de pouvoir, etc. Seulement, j'avais très envie de faire intervenir Navi dans ma fiction et en les confrontant tous deux, je me suis repassé le scénario de Ocarina of Time, puis j'ai réalisé qu'en considérant cet opus-là comme une genèse, Ganondorf et Navi doivent avoir à quelques années près le même âge. Sauf que Navi est reine des fées, donc immortelle, tandis que Ganondorf, lui, peut être théoriquement mort ; c'est ce qui m'a donné l'occasion de lui donner un autre trait de faiblesse que sa brutalité légendaire, à savoir l'angoisse de la mort, qu'il pressent.


Remarque :

Il y a à coup sûr des éléments que je n'ai pas mentionnés, sans doute parce que je les considère comme des détails utiles pour comprendre l'intrigue dans la fiction mais inutiles en ce qui concerne ces "grandes lignes" (déjà trop longues à mon goût !). Il se peut que j'y fasse référence, et le cas échéant, j'essaierai de développer un peu les données, ou si je ne le fais pas, je vous invite à le signaler, quitte à donner une explication comme on donne une note en bas de page.






D'entre les morts. - Partie I : le Prince Maudit.


Prologue - Le cri

Chapitre 1 - Ordre du jour (en cours d'écriture)

Prologue

Le cri



Le serpent se tortillait, dorant son écaille sous le soleil de plomb, comme il avançait en fugitif vers la pénombre d'un rocher qu'il avait aperçu depuis le lointain. Au-dessus de lui, trois vautours dessinaient une ronde autour de l'astre de feu, guettant ce ver reptilien qui se démenait dans les sables. La faim leur lacérait l'estomac. Enfin il atteignit son refuge tant convoité. Là, il se blottit sur son corps, et il siffla son soulagement. Hors de danger. Puis, l'alerte tombée, il songea à clore son regard. Une piqûre sèche et froide l'en dissuada aussitôt. Le serpent, averti, tourna la tête en un instant : un octopode velu, sans yeux et dont les pattes semblaient des échasses brisées lui crachait des injures silencieuses d'entre ses mandibules. Il ne lui fallut qu'un mouvement pour s'expulser du terrier. Sifflant, essoufflé, les fleurs cruelles du désert, la bête perdit la lumière du soleil. Il gigotait à peine. Et les vautours s'en firent un festin.

Mais le sol se mit à trembler, écourtant ainsi l'opportun déjeuner. Dans la distance les dunes brunes se vaporisaient à mesure qu'approchait le bruit sourd d'un galop. Bientôt se détachèra de cet écran de poussière une escouade de cavalières voilées de lin coloré, véritables amazones orientales avec leurs sabres à la ceinture et leur lance à la main. L'oasis se trouvait bien plus loin, aux confins du désert ; les Gerudos ne s'aventuraient guère ces temps-ci en dehors de leur forteresse. L'oeil déterminé de l'aigle, la vitesse de l'urgence, la horde des voleuses paraissait fendre le relief rougi sous les flammes du ciel. Le convoi stoppa net devant l'entrée de la colossale tour du Jugement, cet immense édifice délabré, laissé à l'abandon depuis la destruction de cet autre monde jadis nommé Crépuscule.

D'une roulotte on extirpa un corps soigneusement emmitouflé sous des draps virginaux. Les Gerudos n'enterraient pas leurs morts à cet endroit-là. Du lin dépassait un visage blême et en toute part déformé par la douleur. Sous les lèvres on devinait des dents serrées les unes contre les autres, se mordant elles-mêmes, cependant que deux longues masses sous l'étrange appareil tenaient avec fièvre et ferveur ce qui pût être le ventre de la chose. De temps à autre, quelques grognements rauques s'échappaient d'une gorge dissimulée. Les femmes empoignaient sabres, comme prêtes à tout, ne s'attendant à rien. Quand on eut entièrement lesté la caravane de ce qu'elle avait transporté, la chose fut portée, tant bien que mal à cause de sa réticence, aux seuil de la grande arche qui donnait sur un escalier plongeant vers l'incommensurable abysse de l'ancienne prison. Des fers se croisièrent. Au tintement les deux femmes qui, à bout de bras, supportaient le linceul s'engouffrèrent avec lui dans la grotte, jusqu'à disparaître. Les autres, restées près de la roulotte, recueillaient intérieurement leur courage, tentant d'ignorer ces frissons d'effroi qui parcouraient leurs corps des bas en haut à chaque écho d'un grognement, d'une complainte s'élevant des profondeurs de la tour. On attendait.

Très vite les porteuses remontèrent, pâles. L'incompréhension se fit sentir un instant. En silence elles rejoignirent la caravane, l'une en prit les rennes. Les chevaux montrèrent quelques signes d'agitation.

— On rentre, déclara sèchement la conductrice. C'est un ordre.

Toutes regardèrent alternativement l'arche sombre et leur soeur. Les faces affichaient l'ébahissement. L'une d'entre elles se prit soudain de suspicion :

— On ne peut pas la laisser là toute seule ! Nina, que nous...

— On rentre, coupa la première, peu encline aux pourparlers. Discute pas.

De fait, elles se préoccupèrent de maîtriser leurs montures, s'efforçant de ne pas se retourner vers la source des râles dont l'écho amplifiait leur inquiétude, puis elles firent demi-tour, empressées de fuir. Nina fouettait le flanc de son cheval avec rage, tant le déchirement qu'elle éprouvait dans le coeur était grand. L'abandonner de la sorte... Sans s'opposer une seule seconde à sa volonté... C'était insensé. Purement insensé. Tout à coup, elle tira sur la corde de cuir qu'elle serrait du plus fort que sa musculature de femme lui permettait. Le cheval hennit bruyamment, les autres Gerudos arrêtèrent les leurs dans un nuage de sable. Sur leurs visages décomposés se lisait partout la même question, la même désorientation, ce sentiment d'inquiétante solitude face à l'avenir, proche et lointain, si avenir il y a.

— Qu'y a-t-il, Nina ? osa l'une d'elle.

Nina avait les yeux rivés sur ses pauvres mains chétives et brûlées par le glissement du cuir. La douleur ne l'intriguait même pas.

— On a oublié de la sceller, lâcha-t-elle enfin.

La réplique avait été monotone et rien d'autre que l'automatisme de l'allégeance ne l'avait commandée. Une ombre de panique passa sur le front de la Gerudo à l'arrière de la caravane. Sans réfléchir, elle bondit sur le cheval le plus proche d'elle, qui se cambra sous la surprise, laissant à terre sa première cavalière, et elle fonça en direction de la tour du Jugement. Les autres voulurent la suivre, mais elle s'avéra vite trop rapide, et les nuages de poussière qu'elle déplaçait derrière elle ne facilitaient pas sa poursuite. Elle disparut entre les ruines et le sable. Les yeux de Nina se mouillèrent. Elle commença enfin à sentir ses mains lui piquer un peu. Dans sa tête une vieille dame fit irruption. Tout irait bien, il le fallait...

Le désert se figeait. Nina pensait que lorsque quelqu'un mourait, le temps s'arrêtait afin de laisser passer l'âme du mort dans l'au-delà. En l'occurrence, personne n'était mort. Mais le désert s'était figé. Non loin, son regard se posa sur un scorpion aux griffes avec une mygale. L'araignée le mordait frénétiquement, tandis que lui lui arrachait une à une les pattes. Enfin le sadisme cessa et le scorpion enfonça son dard empoisonné dans l'abdomen déjà gonflé de sa rivale. Au même moment le ciel sans nuage se teinta de gris, tirant au noir, un vent du Nord, polaire, souffla, enfouit le scorpion et sa proie, ainsi qu'un grondement grandissant s'éleva de derrière la belle voleuse. Le pas clapotant poussa prestement son coeur à la palpitation et, dans un hasard qu'elle ne pris pas la peine de comprendre, Nina regarda en arrière. Ses amies revenaient vers elle, couchées sur leurs destriers, la lance portée en avant comme un bélier. L'une sembla lui hurler quelque chose qu'elle n'entendait pas. Puis elle vit soudain l'énorme nuée de sable, de roche et de débris qui les pourchassait de près, et elle n'eut pour elle que le réflexe de détacher son cheval, lui disant de galoper du plus vite qu'il pourrait, au plus loin que sa vie le lui permettrait, s'il pouvait sauver la sienne.

— Où est Leila ? demanda-t-elle dès que les autres voleuses furent à son niveau.

— On a perdu sa trace, lui répondit-on, on l'a perdue de vue puis il y a eu un cri effroyable qui venait de la tour. Quand on a voulu se presser, il y a eu une secousse et cette bourrasque... On ne sait pas ce qui est arrivé à Leila.

Elles atteignirent bientôt une de leurs grottes et décidèrent de s'y abriter. La vague passa, les chevaux s'enfuirent. Mais la forteresse ne se trouvait pas bien loin, et elles pourraient à pied effectuer le trajet de nuit. Alors elles attendirent encore.

Le ciel s'étendait d'un horizon à l'autre, sombre et tranquille, perlé de sphères étincelantes ; la fraîcheur descendit sur le désert Gerudo, la faune s'endormait. Les six voleuses prirent le chemin de leur repaire, fatiguées et résignées d'avoir perdu leur amie. Elles gravirent des dunes, laissèrent derrière elles les traces de leur excursion fugitive. Nina marchait en tête du cortège. Elle ne savait quoi penser de ce qu'elle avait vécu. Puis, au sommet d'une de ces gigantesques vagues de sable immobilisées par les âges, elle distingua dans la pénombre, à quelques pas seulement, juste au pied de son monticule, le corps inerte d'une femme à la chevelure flamboyante, enveloppé dans une robe de fortune blanche maculée de pourpre. Sa gorge se déploya sans qu'elle pût la retenir et, précipitée par une montée de vie qu'elle sentit l'envahir, Nina se dépêcha en bas de la dune en criant :

— Nabooru !

A l'appel ses complices se hâtèrent. Nina redressa le buste de leur chef, lui posa une main sous la nuque, cependant qu'une autre l'abreuva à sa gourde.

— Elle respire ! s'écria une des femmes. Elle est vivante !

En une heure la farouche Nabooru avait retrouvé ses esprits. Elle considéra le comité, contrainte de constater l'absence d'une de ses amies. Sa voix était faible, ses forces diminuées, mais elle articula :

— Où est Leila ?

Aucune ne dit mot, toutes baissèrent les yeux. La chef des Gerudos préféra ne pas poursuivre, elle s'accorda le droit de clore les paupières, se laissant porter jusqu'à la forteresse, dans un silence des plus désolés.

~*~

J'aime bien ton style d'écriture.  :)

Le vocabulaire est varié, les descriptions sont bonnes et la structure est parfaite, ça s'annonce bien pour la suite! Le prologue en général est pas mal, j'ai hâte de voir les prochains chapitres...  ^_^