[Concours d'Halloween 2012] Au fond de la nuit (Antevre)

Démarré par Antevre, 01 Novembre 2012 à 12:40

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Ma participation au concours d'Halloween 2012!

Citation
Au fond de la nuit
La réalité. Juste la réalité. Je me forçai à plonger les yeux dans les ténèbres oppressantes. Je pouvais deviner la forme de la porte de ma chambre, et plus loin ma commode. Je ne pouvais voir le sol. Il était jonché d'objets divers, je le savais, ce qui expliquait mon inaptitude à le délimiter clairement. Aucun détail ne parvenait à ma rétine, j'étais presque aveugle. Mais il fallait que je me force, sinon les ténèbres m'engloutiraient.
Je jetais de temps à autres quelques regards furtifs en direction de mon écran. Sa lumière me réconfortait. Elle me réconfortait mais en même temps, elle était la source de tous mes problèmes. Si je la regardais trop intensément, les ténèbres m'engloutiraient.
Quelle heure était-il? Impossible à dire. Cela faisait plusieurs heures que j'aurais dû me coucher. La fatigue m'avait fait perdre tout sens commun, j'étais comme dans un autre monde, perdu dans les ténèbres.
Ce noir.
Ce noir me terrorisait.
Des ténèbres tangibles. J'avais l'impression que si je tendais les mains, je pouvais les toucher. Et alors elles se répandraient autour de moi, sur moi et en moi jusqu'à engloutir la plus infime parcelle de mon existence.
Et il restait ce dilemme. Quand je regardais mon écran, sa lumière me pénétrait, comme si j'étais dans un îlot de sécurité au milieu de la tourmente. Mais alors les ténèbres se resserraient autour de moi, et je perdais la faculté de percer l'obscurité. En quelque sorte, la fuir lui donnait vie. L'autre option était de plonger mon regard dans ses tréfonds. Mais j'étais convaincu que mon esprit n'en sortirait pas indemne, je lui avais déjà laissé beaucoup trop de force pour s'insinuer au plus profond de mon être. Elle bougeait, elle respirait comme un être vivant, ou plutôt comme des milliers d'êtres vivants qui se confondaient les uns dans les autres dans une ronde qui menaçait d'effacer mon esprit de la réalité.
Toutes les peurs les plus primaires de l'humanité avaient pris corps dans ma chambre. Elles me voulaient. Elles susurraient à mon oreille des mots dangereux. Paroles séduisantes, paroles terrifiantes. Des leurres pour me perdre.
Il y avait une présence monstrueuse, bien plus grande que tout ce que l'on connaissait, que l'univers tout entier. Plusieurs plans d'existence ne suffisaient à la contenir.
Je tressaillis. Cela faisait déjà plusieurs minutes que j'avais laissé mon esprit s'évader en pensée, et le brusque retour à la réalité me fit prendre conscience que je fixais les ténèbres depuis beaucoup trop longtemps. Terrorisé, je me réfugiai dans le monde virtuel, cette rassurante lumière électrique qui me disait que tous les fantasmes ne pouvaient rien face à l'ingénierie humaine. Le seul refuge de l'humanité face aux puissances ancestrales.
Je repris ma partie.
Link parcourait les plaines d'Hyrule désormais transformées par l'ignoble Ganondorf en un monde de fantasmes. Les créatures les plus ignobles étaient nées du pouvoir de la Triforce, et seul le héros détenteur de la volonté des trois Déesses pouvait mettre fin au cauchemar. Boss après boss, donjon après donjon, l'adrénaline courait entre mes tempes dans ce paradis imaginaire qui donnait forme à l'intangible et me permettait de le bannir de notre plan d'existence.
Je pouvais tenir jusqu'au matin, j'en étais sûr. Au matin les ténèbres s'en iraient, me permettant d'enfin dormir.
Au XXIème siècle, les fantasmes ne pouvaient plus rien contre nous. Il nous suffisait de les fuir suffisamment longtemps pour qu'ils perdent tout pouvoir. Pourquoi affronter nos peurs puisque nous pouvions les repousser en-dehors de nos frontières, à des lieues de nos citadelles de verre et de lumière, avec tous les autres maux de l'humanité.
Je poursuivais ma partie. J'étais enfin parvenu devant le repaire du boss final. Je me frayais un chemin parmi les vagues d'ennemis, les sons criards propres à la culture nippone déferlaient dans mes écouteurs avec une telle régularité qu'ils me semblaient plus réels que le reste de notre galaxie. Mon compteur de coeurs au maximum, tous les trésors de tous les donjons du jeu dans mes poches, il ne me restait plus qu'à affronter Ganon, dans sa forme la plus hideuse.
La lumière de mon écran vacilla, puis s'éteignit, pour se rallumer presque aussitôt. Non! Pas maintenant! Il n'y avait jamais aucune coupure chez moi, cela ne pouvait arriver à un tel moment. Heureusement, j'avais sauvegardé à temps. Un peu frustré, j'entrais à nouveau le mot de passe de ma session. Je pouvais voir qu'il était encore trop tôt que pour arrêter, beaucoup trop tôt. Les ténèbres s'étaient rapprochées, je sentais un souffle sur mon échine, et j'avais l'impression qu'on bougeait autour de moi.
Je repris ma partie. Mon écran devint noir. Pour ne plus jamais se rallumer.
Les monstres se jetèrent sur moi, et la présence broya mon âme, comme elle le faisait pour tout ce qui existait et comme elle le ferait pour l'éternité, à tous les moments à la fois.

L'histoire est originale, et pour le coup la référence à Zelda est complètement assumée. J'ai bien aimé la fin, mais je trouve que le développement est assez inégal.

Le contexte est bien posé au début, avec toute la noirceur, l'ambiance ténébreuse qui est décrite. Seulement, c'est peut-être fait un peu trop longuement. Personnellement, j'ai eu assez vite envie d'en savoir plus sur la situation.

La partie sur la session de jeu change complètement l'ambiance. A la fois surpris, on se trouve également amusé. Jusqu'à la stressante coupure de courant, on a presque envie de se détendre. Un bien pour un mal ? L'inverse ? Je n'en sais rien. Peut-être que d'un sens, cela permet de calmer le lecteur avant le vrai coup de marteau final que j'ai trouvé intéressant.
Suivez mon défi fou : finir de nouveau chaque Zelda, à 100%, dans leur ordre chronologique afin de permettre une réécriture au fur et à mesure de la légende.

Un peu la même impression que Valoo : un développement inégal, je reste sur ma faim en ce qui concerne la nature de cette angoisse !

Mais le contexte est bien posé, les sentiments bien développés, la geekattitude aussi ! :P


01 Novembre 2012 à 19:23 #3 Dernière édition: 01 Novembre 2012 à 19:33 par Antevre
Merci pour les coms ^_^. Concernant le développement inégal, c'est en partie dû au fait que j'ai fini mon texte dans l'urgence et que du coup je ne me suis pas relu autant que je l'aurais voulu^^. Pour les ruptures dans le style et l'ambiance, c'est voulu, c'est quelque chose que j'aime bien faire, j'aime vraiment malmener mon lecteur, avec le risque que ça ne plaise pas nécessairement. Bref, c'est partie intégrante de mon style, on aime ou on n'aime pas ;).

Je me lance dans la lecture de vos textes :P.

edit: sinon, concernant la nature de l'angoisse, j'ai voulu rester dans le vague, mais si ça décontenance trop le lecteur, j'en tiens compte pour m'améliorer ^_^.

02 Novembre 2012 à 20:33 #4 Dernière édition: 02 Novembre 2012 à 20:41 par Supersigo
Je partage également le point de vue de Valoo et, par le fait même, de Couet. :)

J'ai trouvé que le début tirait quelque peu en longueur, mais ça a quand même un côté positif car cela fait en sorte que le lecteur n'est que plus déstabilisé après avoir été mis en confiance, et tu confirmes que c'est voulu. C'est bien écrit, le champ lexical (qui ressemble beaucoup au mien, et sûrement aux autres participants du concours, mais c'est normal ^^) est bien exploité, bref dans l'ensemble j'ai bien aimé. ^_^